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Adresse principale : Rue de la Paix-Dieu 1, AMAY (La Paix-Dieu)

Notice

N° 1. Ancienne abbaye cistercienne de la Paix-Dieu. En 1231, Arnold de Corswarem, entrant en religion, décida de consacrer ses biens à l'érection d'une abbaye de cisterciennes. Il désigna sa mère, Marguerite de Jeneffe, comme procuratrice du monastère constitué entre 1239 et 1241. D'abord installée à Oleye, sur un site cédépar Robert d'Oleye, l'abbaye fut transférée en 1244 à Bodegnée. Le site choisi est caractéristique des exigences de la règle de Cîteaux ; isolé dans les bois et les prés, au confluent de quatre ruisseaux qui permettent l'installation d'un moulin, et donc l'autonomie de la communauté.
Diverses campagnes de construction ont rythmé la vie du monastère. Déjà peu après 1373, sous l'abbatiat de Marie de Jehay, l'église dut être reconstruite. En 1600, sous l'abbesse Agnès de Corbion (1590-1631), un incendie obligea à renouveler l'église, le dortoir et le cloître. Jeanne de Marotte (1631-1663) poursuivit la réédification de nombreux bâtiments. En 1718, l'église est à nouveau reconstruite par Robertine de Lavaux (1694-1719). Lambertine de Wansoulle (1719-1750) fit élever l'infirmerie et une grande partie de l'actuelle ferme, achevée sous Lambertine Renson (1750-1776). D'autres dépendances, comme le moulin, avaient été remplacées au XVIIe s., sous différentes abbesses. Vendu comme bien national le 12 fructidor an V (29 août 1797), le monastère subit le lot commun : destruc-
tion partielle des bâtiments (l'église fut toutefois épargnée) pour la récupération des matériaux, et transformation des locaux à des fins agricoles ou industrielles (une distillerie dans le bâtiment abbatial).
Des travaux de mise hors-eau provisoire ont été entrepris en 1983-1985, mais cet ensemble remarquable attend toujours ré-affectation et restauration.
Eglise abbatiale. Dédiée à Notre-Dame de la Paix-Dieu, et aujourd'hui transformée en local agricole. Reconstruite une première fois après les destructions de 1373; bâtiment actuel élevé en 1718 sous l'abbatiat de Robertine de Lavaux (dalle commémorative au chevet). Edifice strictement orienté, en briques et calcaire. Soubassement en moellons de grès réglés, avec boutisses de calcaire et surmonté d'un bandeau plat, également de calcaire, au chevet. Maçonnerie en moellons de grès mêlés de calcaire sur une hauteur de deux à quatre mètres aux goutterots du vaisseau et au transept, correspondant peut-être à un édifice plus ancien. Construction primitivement à trois (?) nefs de cinq travées (le bas-côté S. aurait été démoli après la Révolution, avec le cloître et les bâtiments jouxtant l'église de ce côté, à moins que la galerie N. du cloître n'ait occupé la place du collatéral), transept et chevet aveugles à trois pans, aux angles soulignés de harpes de calcaire.
Fenêtres cintrées à claveaux et piédroits harpés, aux linteaux et appuis prolongés par des bandeaux de calcaire, sauf au collatéral N., plus récent, partiellement ruiné, éclairé de baies à linteau bombé, clé et piédroits de briques à queues de pierre. A la façade S. du transept, baie plus courte, sous bandeau à l'appui. Deux hautes fenêtres étroites à chaque goutterot du sanctuaire. Boutisses de calcaire dans l'alignement des piédroits des fenêtres hautes de la nef, au S. Couverture d'ardoises à coyaux et croupette à l'O., celle-ci piquée d'un élégant clocheton octogonal de charpenterie, entièrement essenté d'ardoises.
A l'intérieur, travées rythmées par des piliers de maçonnerie, contre lesquels s'adossent des pilastres toscans amortissant les larges doubleaux des voûtes d'ogives; ceux-ci décorés d'intéressants stucs, de même que l'abside, animée de faux encadrements de fenêtres en stuc. Clé de voûte du choeur aux armes de Robertine de Lavaux.
Bâtiments abbatiaux. Il ne reste rien des bâtiments parallèles à l'église, qui comprenaient entre autre un cloître toscan, et la salle du chapitre. Dans le prolongement de l'église, vaste aile sur deux niveaux, en briques et calcaire sur soubassement en moellons de calcaire et de grès assisés, avec ancres à simple volute, aménagée sur un noyau plus ancien du XVIe s., en 1641-1642, sous l'abbesse Jeanne de Marotte (dalles armoriées, monogrammées et datées sur chaque façade).
Ouvertures transformées et partiellement murées. Au S., au r.d.ch., fenêtres chaînées, jadis à croisée, dont la cinquième et la sixième à modénature gothique amortie sur base de colonette du XVIe s.; les autres à modénature sur congé du XVIIe s. Une porte à encadrement et linteau à refends, sous entablements (début du XVIIIe s.); autres portes rect. à piédroits chaînés du XVIIe s. A l'étage, baies chaînées à croisée du XVIIe s., déchargées par arquettes. Au N., façade sur soubassement à ressaut chanfreiné. Baies du r.d.ch. remaniées comprenant des fenêtres chaînées, également déchargées (à l'exception des quatre dernières, plus récentes?), jadis à croisée, à quatre ou à six jours, ou à traverse (à deux ou trois jours), et une porte en plein cintre, à modénature de tradition gothique, portant à la clé un écu en losange, surmonté du monogramme I.M. (Jeanne de Marotte), avec la date 1641. Travée à g. de la porte non déchargée, plus récente (couture). Entre deux fenêtres, une potale en plein cintre, avec le monogramme similaire, D.I.M. et la même date. A l'étage, succession de baies à croisée, déchargées, interrompue par une baie à traverse. Toiture provisoire.
Perpend. à cette aile, ancien quartier des hôtes, orienté N.-S., également élevé en 1642-1644 sous l'abbatiat de Jeanne de Marotte. Construction similaire, mais sur soubassement à ressaut chanfreiné, côté O. Façade E. comprenant actuellement trois niveaux d'ouvertures, les deux inférieurs très remaniés et souvent postérieurs au bâtiment du XVIIIe et du XIXe s.; traces d'anciennes baies chaînées à croisée, probablement à six jours à l'origine, sous arc et arquettes de décharge. Une porte à linteau rectiligne monogrammé I.M. et daté 1642, déchargé. Au niveau supérieur, baies chaînées à croisée, déchargées par arquettes, et niche en plein cintre, en tuffeau, dans un panneau mouluré surmonté d'un fronton, datée 1642.
A g., passage charretier en plein cintre, menant à la cour de la ferme, avec arc doubleau à mi-parcours, et surmonté d'une baie à linteau bombé et clé, sur piédroits harpés du XVIIIe s.
Pignon S. encadré de chaînes d'angle, comprenant deux niveaux de deux travées, au-dessus d'un r.d.ch. en moellons de grès, percé de trois jours d'aération. Premier niveau de baies à linteau bombé identique à celle de la façade E.; au deuxième niveau, deux baies chaînées jadis à croisée, entourant une niche en plein cintre à deux colonnettes, surmontant une dalle aux armes de Jeanne de Marotte et portant l'inscription «I.M. A° 1644».
Façade O. sur la cour de la ferme, comprenant deux niveaux sur caves hautes, accessibles par diverses portes récentes, et une entrée basse, à piédroits chaînés et linteau rectiligne, monogrammé et daté «I.M./1642». Fenêtres chaînées, souvent remaniées et obturées, à croisée et six jours au r.d.ch., à quatre jours à l'étage, sur sept (?) travées à l'origine, suivies à dr., vers le passage charretier, de deux travées, une de jours rect. chaînés, l'autre de baies à traverse également chaînées, surmontant un petit jour carré grillagé. Traces d'ouverture au-dessus du passage charretier, en plein cintre, doublé d'un rouleau de briques. Au-dessus du chartil de la ferme, grande niche de tuffeau, en plein cintre, avec écoinçons à têtes de chérubins, surmontée d'un fronton et d'un arc de décharge alternant briques et tuffeau ; monogramme IHS et date 1642.
Bâtière d'ardoises à coyaux et croupe au S., reposant sur une belle corniche à cymbales.
Des décors intérieurs ne subsistent qu'une hotte de cheminée en stuc du XVIIIe s. et une intéressante cheminée baroque de grès sculpté du XVIIe s.
Infirmerie. Isolé, au S.-E. de l'église, double corps d'un seul niveau, en briques et calcaire, sur soubassement en moellons de grès, cantonné de harpes d'angle, réédifié en 1719-1725 sous Lambertine de Wansoulle. A l'O., cinq travées de baies rect. : fenêtres jadis à croisée, sous arquettes de décharge, à piédroits monolithes et allèges délimitées par des bandeaux de calcaire; porte à traverse d'imposte rectiligne, sous un grand arc de décharge, surmontée d'un petit fronton percé d'une baie, jadis à meneau, surmontée d'une dalle aux armes de Lambertine de Wansoulle, avec la date 1725. Corniche sur bandeau de calcaire, traversant le fronton. Entre les fenêtres, dalles réencastrées, à g., aux armes de l'abbesse Philippine de Verlaine, avec la date 1668, à dr. celles de Robertine de La-vaux, datées 1718. Façade arrière, à l'E., remaniée, conservant deux baies jadis à croisée, semblables à celles de l'avant, dont une transformée en porte.
Pignon S. éclairé sur deux niveaux : au r.d.ch., belle porte cintrée, à encadrement mouluré, datée 1719 et portant en guise de clé les armes de l'abbesse Lambertine de Wansoulle, surmontées de la crosse et du sudarium. A g., baie récente. A l'étage, quatre baies rect. à linteau cintré de briques, rehaussées, interrompant le bandeau calcaire prolongeant celui de la façade O.
Au pignon N., une baie à traverse déchargée et allège comme à la face O., au r.d.ch., et deux jours déchargés au niveau supérieur, interrompant également le bandeau de calcaire, comme au S. Bâtière d'ardoises et d'éternit, à coyaux et croupettes.
Dans le jardin, chapiteau à crochets d'allure médiévale, en calcaire du XIlle s.?.
Ferme abbatiale. Elle forme un quadrilatère à l'O. de l'abbaye; le quartier des hôtes de celle-ci tenant en partie lieu de côté E., à la ferme. Précédé d'un pont en moellons de grès et de calcaire à parapet de moyen appareil calcaire, orné de sphères, porche monumental (1730), en briques badigeonnées de rouge et calcaire, avec harpes d'angle, comprenant des piliers. Une travée centrale légèrement saillante, délimitée par des piliers toscans, et couronnée d'un fronton de calcaire aux armes de Lambertine de Wansoulle, avec la date 1730. Portail en plein cintre, appareillé à refends à crossettes, avec clé saillante, moulures d'imposte et encadré de deux pilastres toscans supportant l'entablement mouluré, sur lequel pose un fronton tronqué à rampants courbes, renfermant une niche moulurée en plein cintre flanquée d'ailerons. Passage couvert de voûtes d'ogives en briques. Bâtière d'ardoises à coyaux et croupettes piquées d'épis. De part et d'autre, tours quadrangulaires en faible saillie, soulignées de harpes d'angles et percées d'ouvertures de tir, sous un pavillon d'ardoises à la Mansart. Jadis, accès principal de l'abbaye.
Sur la cour, le volume correspondant au porche, à l'O., est percé au centre d'un portail en plein cintre, dans un panneau à refends largement écorné et surmonté d'un entablement supportant une baie à meneau à l'allège délimitée par deux ailerons. Clé monogrammée L W et datée 1730. Le reste de la construction occupé par un logis sur deux niveaux et demi, de deux travées de chaque côté du portail : baies rect. tardives au r.d.ch., baies à traverse à piédroits monolithes à l'étage et jours rect. au niveau supérieur. Harpes d'angles. Bâtière percée de trois lucarnes à croupe.
De part et d'autre du portail, deux ailes d'étables ou écuries sous fenil, ouvertes de portes à linteau écorné, échancré et à clé, flanquées de jours rect. et surmontées de gerbières de même. Vers le N., contre le porche, aménagement au XIXe s., avec haussement de la construction, d'un logis prolongeant celui du porche. Maçonnerie de briques et calcaire, .sur soubassement en moyen appareil de calcaire côté cour, en moellons de grès et calcaire à l'extérieur. Vers l'extérieur, façades percées de jours d'aération. Bâtières d'ardoises et d'éternit. Côté N. de la cour occupé par un monumental chartil (1760), avec avant-corps légèrement saillant cantonné de harpes et couronné d'un fronton orné d'un treillis de stuc et des armes, aujourd'hui martelées, de l'abbesse Lambertine Renson, avec la date 1760 et la devise «Gaudium in spinis». Au r.d.ch., deux portes d'écurie. De part et d'autre de cet avant-corps, deux entrées charretières hautes et étroites. Porte d'écurie à g., large porte surbaissée à dr., avec linteau à ressaut ouvrant sur une forge, conservant une cheminée de tradition gothique. Toutes ces baies semblables aux portes de l'aile O. (sauf le ressaut à la porte de dr.), mais à clé ourlée. Maçonnerie de briques et calcaire avec harpes d'angles. Façade N. percée de six fenêtres rect. sur deux niveaux. Tout l'étage occupé par un vaste grenier dallé de terre cuite, divisé en deux galeries de six travées. Voûtes de briques retombant sur des piliers carrés de calcaire à chapiteau mouluré. Corniche moulurée en calcaire. Bâtière d'ardoises à croupettes et coyaux.
De part et d'autre de ce chartil, une travée en léger retrait, avec harpes d'angle à dr., comprenant une porte et une gerbière rect., comme à l'aile O. Demi-bâtière d'ardoises à croupette et coyaux. Vers l'E., jonction avec le quartier des hôtes par une construction plus basse que la précédente, ouverte sur toute sa hauteur et sa largeur d'une entrée charretière semblable à celle du chartil. Bâtière de roofing. A l'arrière, construction arrondie entre ce bâtiment et le chartil.
Côté N. offrant en miroir une imposante grange en double large, avec avant-corps à fronton orné d'un treillis de stuc et des armes de Lambertine de Wansoulle, avec la date de 1737. Ouvertures comme au chartil du S., mais entrées charretières plus larges et portes d'écurie flanquées de jours rect. aux extrémités. Façade arrière aveugle. Bâtière d'ardoises à croupettes et coyaux. Jonction avec les ailes E. et O. par une travée en retrait, comme au côté S. Aile E. identique à l'aile O., mais remaniée et beaucoup plus courte, au pignon encadré de harpes d'angle contre lequel s'appuie un bâtiment récent, où est réencastrée une dalle commémorative portant l'inscription «DAMME AGNES DE COR/ BION ABBESSE DE CEANS / FIT CEST REPARATION 1623», sous les armes de l'abbesse; dalle complétée en dessous par une seconde portant «ET EN 1939 CE FUT/MR EMILE VIERSET». Façade extérieure de ce bâtiment du XVIIIe s., comportant encore murée, une porte charretière semblable à celles des autres bâtiments de la ferme. Colombier. A l'E. de cette aile, dominant un petit étang et jadis accolé à une brasserie, beau colombier (1648) circulaire, en briques et calcaire, sur un r.d.ch. en moellons de grès. Porte à piédroits chaînés et linteau droit aux armes de l'abbesse Jeanne de Marotte, avec le monogramme IM et la date 1648. Petits jours carrés à mi-hauteur; entrées de colombier récentes; oculi de briques dans la partie supérieure, et traces d'essentage d'ardoises. Jadis couvert par un clocher à bulbe, déposé en 1983. Moulin et dépendances. Au N. de la ferme, et séparé d'elle, le moulin (1665), en moellons de grès et calcaire pour les chaînages d'angle et les encadrements de baies. Façade principale au S., de deux niveaux de hauteur décroissante, comprenant au centre deux portes jumelées (celle de dr. murée) en plein cintre, à clé, dans un encadrement rect. de calcaire; piédroits chaînés. Celle de g., plus large, surmontée d'une dalle aux armes de l'abbesse Philippine de Verlaine, avec le millésime 1665. Fenêtres rect. petites et étroites, à piédroits posés en déharpement; celle du r.d.ch. à dr., transformée. Baies identiques au pignon. Deux baies au mur-pignon O., contre lequel s'appuyait une roue; ici, pignon en briques à épis. Bâtière à croupettes et coyaux, provisoirement couverte en 1983. Légèrement décalé vers l'O., par rapport au moulin, dans le mur de clôture en briques, porche secondaire, en briques et calcaire, édifié en 1682, sous l'abbesse Bernardine de Hody. Encadré de pilastres lisses de calcaire, panneau de maçonnerie de briques percé d'un portail en anse de panier, dans un encadrement chantourné à clé saillante.
Celle-ci surmontée d'une dalle millésimée aux armes de l'abbesse, encadrée d'ailerons. Teûté d'ardoises à la Mansart, à croupes piquées d'épis.
A l'angle N.-0. de la clôture de l'abbaye, dominant le moulin du haut de la colline, petit pavillon de plan carré (fin du XVIIe s.), en briques et calcaire, sur soubassementt de grès. Harpes de calcaire à la face S., percée d'une ouverture de tir. Pavillon d'ardoises à coyaux.
Au N. de l'abbaye, vestiges de la maison du Pater, avec porte de jardin à linteau échancré du XVIIe s., aujourd'hui surmontée d'une pomme de pin (fig. 38, 39, 40, 41, 42, 43). J.C.

J.-Fr. ANGENOT, La Paix-Dieu. Etude sur la formation et l'évolution du domaine d'une abbaye cistercienne féminine en Hesbaye (XIIIe-XVe s.), dans A.C.H.S.B.A., 34 (1980), p. 21-320; R. BROSE, La Paix-Dieu. Abbaye cistercienne en Hesbaye, Amay, s.d.

Prospection

Prospection effectuée en 1992

Publication papier 

Tome : IPM - 16/1 (1992)

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Code de la fiche

61003-INV-0080-01

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