Les rues et les bâtiments du quartier, découverts lors des premiers terrassements archéologiques, portent les stigmates d’une démolition radicale : les maisons ont été rasées à ras de terre, leurs caves comblées de décombres ; les rues et les places, comme l’esplanade du port, ensevelies sous les déblais. Quelques objets de la vie quotidienne ont été abandonnés sur place : casseroles en fer émaillé, vidanges, outils et jouets d’enfants… Archives, articles de presse et photographies anciennes documentent ce moment de grande rupture, lui apportant quelques explications…
Ainsi, la rue de Grognon a connu ses premières destructions à la suite des dynamitages des ponts de Sambre en 1940 et en 1944. Voté en 1950, le plan particulier d’aménagement de la ville a donné la priorité à l'automobile au détriment de l'habitat. Huit immeubles situés en bord de Sambre ont été démolis en 1951, au profit d’une voirie élargie et d’une zone de parking en surélévation d’un chemin de halage. En 1953, l'îlot composé de sept immeubles expropriés des rues de Grognon et Saint-Hilaire a été détruit pour l'établissement d'une voirie d’accès au Pont de France, un projet réalisé tardivement, en 1959.
Cette prépondérance concédée à l'automobile a encore été renforcée dans les années 1960, avec de nombreux projets soutenus par une politique communale qui a scellé le sort du quartier du Grognon. En 1964, la Ville a lancé une étude pour un nouveau projet de développement touristique comprenant notamment un vaste complexe hôtelier, des magasins, du parking et du piétonnier. L’ensemble devait s’intégrer au site de manière à respecter la perspective sur la Citadelle. Les expropriations ont été lancées. Mais en 1968, la priorité a été donnée à la création d'un large carrefour pour fluidifier la circulation de transit, seule la partie du site proche du pont de France faisant l'objet d'un projet de construction. Les derniers immeubles du quartier ont été rasés entre 1968 et 1973, pour finalement laisser place au carrefour...