Après l'occupation hollandaise, la ville de Namur, bientôt débarrassée du carcan de ses remparts, envisage son développement urbain avec l'implantation du chemin de fer mais aussi avec la création d'un port artificiel sur les eaux du confluent. De 1847 à 1848, un important espace portuaire, composé de quais et de rampes pavées, a été créé pour accueillir la flotte marchande. Les bateaux transportent notamment du bois, de la houille, des pavés, du ballast, du fer et de la fonte. Le port accueille également les bateaux de marché des localités voisines et les bateaux à vapeur pour touristes. Les photos de la fin du siècle attestent de l'importante activité portuaire au Grognon.
Le commerce local du quartier a largement bénéficié de cette activité. Les bateliers sont les premiers à effectuer des achats dans les nombreux commerces spécialisés dans le domaine de la batellerie, comme les corderies, les commerces de peinture et les maréchaux-ferrants au service des chevaux de halage. Le quartier populeux et populaire a connu une intense vie commerciale en interne : le site renfermait de nombreux magasins nécessaires à la vie locale pour son approvisionnement mais également des cafés de convivialité. Avant l'établissement de la passerelle du tramway vicinal, en 1894, seul le Pont de Sambre reliait le Grognon à la ville. La même année, l'ancien rempart de Meuse est englobé dans la nouvelle promenade créée sur le boulevard Ad Aquam. Les citadins et les touristes découvrent alors le quartier le plus ancien de Namur.
L'espace portuaire pavé met en évidence un imposant immeuble, construit en 1867. Il abrite au rez-de-chaussée la nouvelle école communale du Rempart, réservée aux filles, tandis que que la Justice de paix occupe l'étage, preuve d'une vie communale intense malgré l'épidémie de choléra qui a sévi un an plus tôt, causant la mort d'une centaine d'habitants du quartier.
En 1904, la Ville réalise un aménagement urbain important en créant la place Ferdinand Kegeljan, ouverte sur le fleuve, le long de l'hospice civil Saint-Gilles. Un geste fort dans un quartier qui voit le départ des riches commerçants attirés par une implantation sur la place de la Station desservie par le chemin de fer, concurrent de la flotte marchande.