Le Grognon, berceau d’une capitale

Introduction

Les questions de mobilité – et de flux automobile en particulier – ont lourdement pesé sur le destin de l’étroit quartier du Grognon ; elles conditionnent, aujourd’hui encore, le projet d’aménagement du site. La construction du Pont de France, puis de son accès en bord de Sambre, constituent une étape marquante de cet antagonisme apparemment inconciliable entre mobilité et habitat…

Les structures archéologiques les plus récentes enregistrées sur le site consistent en deux puissants murs parallèles, dont les fondations ont traversé la trame bâtie du quartier. Le premier servait encore de mur de soutènement à l’esplanade du Grognon, au début de l’opération archéologique (2016). C’est au sein de sa maçonnerie qu’avait été incorporé l’un des reliefs représentant un groin de porc, issu de l’ancienne Porte de Grognon. Le second, noyé dans les remblais de démolition du quartier, lui était parallèle, traversant l’ancienne placette de Grognon, au devant des façades de maisons en sursis de démolition. À l’approche du boulevard Baron Huart, il opère un retour à angle obtus vers le sud, s’accolant aux murs de l’ancienne école du Rempart. Un escalier permettait de le gravir, pour rejoindre le boulevard. Larges de 2,13 à 2,97 m à la base, les fondations des murs étaient composées de béton armé ; leur élévation, conservée sur une hauteur maximale de 3,50 m, présentait un appareil soigné de moellons calcaires.

Deux puissants murs de béton armé ont été construits au travers du quartier, en 1959 : soutènement de la bretelle d’accès au Pont de France, ils trahissent l’importance accrue de la mobilité automobile, au détriment d’un habitat… en sursis
© P.-M. Warnier - SPW/DGO4, Direction de la Géomatique

Ces puissants murs modernes soutenaient les remblais de la bretelle d’accès au Pont de France, construit en 1933 mais accessible par le seul boulevard de Meuse au départ. Pourtant, il est déjà question d’un accès au pont de France et à la pointe du Grognon dès les premières ébauches d’aménagement du confluent. En effet, la convention Ville-État de 1933 stipule que la création de ces accès fera l’objet d’une convention ultérieure. Toutefois, bien que discutée au conseil communal en 1936, la mise en œuvre de cette convention additionnelle n’a pas lieu avant le début de la seconde guerre mondiale.

Plan d’aménagement du Grognon, proposé en 1939. L’expropriation d’une série de maisons est déjà projetée, en vue de la création d’une bretelle d’accès routier au Pont de France
© AVN, Ensemble des aménagements aux abords du Pont du Confluent, 1939, Plans des bureaux d’études, n°693

La guerre accélère le processus d’acquisition des terrains. En effet, les maisons du bord de Sambre sont fortement touchées par le dynamitage des ponts et les bombardements. Entre 1941 et 1944, la Ville rachète plusieurs de ces propriétés, en vue de l’aménagement futur du quartier. Ces propriétés sont alors soit laissées à l’abandon, soit démolies avant d’être cédées à l’État en 1956 pour la réalisation du plan d’aménagement adopté en 1950 et modifié en 1952. En 1959, le Pont de France et la pointe du Grognon se voient enfin doter de leurs accès, imaginés plus de 20 ans auparavant.

La bretelle d’accès au Pont de France, en cours de travaux, en 1959. Les travaux en cours longent les bâtiments du quartier Saint-Hilaire, largement amputés.
© L.-R. Pennart ; coll. : Archives de l’État à Namur - Archives Photographiques Namuroises

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

Liens :

Tous les articles
Toutes les brèves
Tous les contenus multimédias