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Adresse principale : FLOREFFE (Floreffe)
Bien inscrit comme : Monument
ABBAYE DE FLOREFFE
Petit Séminaire. Ancienne abbaye, la 3e de Prémontré, fondée en 1121 par saint Norbert, l'une des plus importantes de l'Ordre et des plus prospères du Namurois. Ensemble implanté dans un alleu donné par le comte Godefroid de Namur, sur une pointe rocheuse qui surplombe la Sambre, dont les irrégularités du sol expliquent certaines anomalies du plan cependant assez conforme au plan monastique traditionnel : le cloître bordé au N. par une imposante église, à l'E. par la salle du chapitre et le dortoir des moines à l'étage, le réfectoire au S., et la partie O. réservée naguère aux convers (fig. XXIV et 122-123).
De l'abbaye médiévale, subsistent l'église, la salle du chapitre, le cellier, l'infirmerie et le moulin-brasserie en contrebas.
Des temps modernes, un ensemble d'autres bâtiments, notamment les quartiers abbatiaux.
Eglise (1)
Bordant le côté N. du périmètre, sur une assiette mi-rocheuse, mi-remblayée, bâtisse commencée par l'abbé Gerland, dont subsistent la dernière travée de la nef, le transept avec le bas-côté occidental autrefois surmonté de tribunes, les chapelles flanquant le choeur et la crypte du N.E., construits entre 1165 et 1188/1189 (fig. XXV).
Terminées en 1250, année de la consécration solennelle, nefs gothiques voûtées d'ogives comme le transept, sous l'abbatiat de l'abbé Dupaix (1552- 1578) à la place des plafonds de bois d'origine.
Sur le bras S. du transept, construction dans le même temps, en 1563, d'une grosse tour, comme le signalent millésime et blason au milieu de la face S., coiffée d'une flèche d'ardoises baroque du XVIIe s.
Remplaçant depuis l'abbatiat de Jean Roberti (1607-1639) le choeur roman devenu trop exigu suite aux réformes liturgiques du Concile de Trente,
choeur à chevet de cinq travées, fermé par une abside à cinq pans.
Accolée à la bâtisse un siècle plus tard sous l'abbatiat de Charles Dartevelle (1737-1756), façade légèrement incurvée en brique et pierre bleue, qui mélange l'esprit baroque et Louis XIV (Pl. III). Deux registres séparés par un entablement prononcé, couronnés d'un grand fronton triangulaire restauré et simplifié au XIXe s. avec cartouche aux armes de l'abbé. R.d.ch. divisé en trois travées par des colonnes annelées ioniques, s'ouvrant dans l'axe par un portail en plein cintre, encadré de pilastres déterminant des panneaux et surmonté d'un entablement ainsi que d'un fronton semi-circulaire. A l'étage, deux importantes volutes autour de la travée centrale plus classique, ajourée d'une grande fenêtre et accostée de pierres formant cartouches. Statues et médaillons sur les panneaux latéraux.
Intérieur remodelé de 1770 à 1775, par l'architecte L.B. Dewez. Plâtres et stucs d'esprit Louis XVI camouflant la structure originale, à l'aide d'ossatures de bois et de brique.
Maître-autel, marbre et bois (XVIIe s. - v. 1775). Stalles baroques, chêne (P. Enderlin, 1632-1648). Buffet d'orgue provenant d'un couvent de Dominicains des environs de Bruxelles (XVIIe s.). Tribune d'orgue Louis XVI (v. 1775).
Statues de st Norbert et de st Augustin, chêne (mil. XVIIe s.). Série de statues, tilleul stuqué et peint, provenant de l'égl. St-Jacques à Liège : Vierge (J. Del Cour, 1692), St-Joseph (J. Del Cour ?), St-Michel et St-Jean-Baptiste (S. Cognoulle), Christ et Vierge à l'Enfant (1733), quatre Docteurs (1735).
Salle capitulaire (2)
Au S. du transept, salle où subsistent disposées en deux files, quatre travées de la 2e moit. du XIIe s., couvertes de voûtes d'arêtes retombant sur colonnes à chapiteaux à motifs stylisés. De 1642, millésime placé au-dessus de la porte du cloître, six autres voûtes d'ogives sur colonnes toscanes (fig. XXVI).
Cellier (3)
Sous la prélature, salle des convers édifiée dans la 2e moit. du XIIe s. Deux fois trois travées trapues voûtées d'arêtes sur piliers à impostes saillantes, avec traces de peinture murale (XIIIe s. ?).
Cloître (4)
Adossé au côté S. de l'église et bâti sous l'abbatiat de Charles Dartevelle, cloître en trapèze irrégulier de sept travées de côté, - sauf du côté N. depuis le XIXe s. - ouvertes sur la cour par des arcades surbaissées à clé, voûtées d'ogives. Etage éclairé par autant d'étroites fenêtres à croisée de même forme. Angles intérieurs convexes et creusés d'une niche au r.d.ch., d'une fenêtre à traverse à l'étage. Bandeau de pierre sous corniche moulurée. Renouvellement en 1969 de la couverture du XIXe s. par une structure tridimensionnelle, réalisée par R. Bastin, architecte et Th. Lanotte, ingénieur-architecte.
Contre le côté S., aile construite en quatre temps, du XVIIe au XXe s., abritant le réfectoire, avec prolongement vers l'E. pour rejoindre la bâtisse de l'infirmerie et de la bibliothèque.
Infirmerie et bibliothèque (5)
Salle des comtes servant d'assise à la bibliothèque, édifiée par l'abbé Gauthier d'Obaix (1268-1280), structurée en deux fois six travées voûtées d'arêtes. Sur la paroi E., traces des anciennes baies et niches en tiers-point.
Vestiges de peintures de blasons nobiliaires contemporains. Etage disparu au XVIIIe s.
Edifiée de 1727 à 1732 par l'abbé Louis Van Werdt, à l'extrémité E. de l'éperon, dominant la ferme et le moulin-brasserie, bâtisse de trois niveaux nettement soulignés par des horizontales en pierres saillantes. Tournée vers le bourg, admirable façade de huit travées, ancrée au roc par deux fortes avancées de deux travées aux extrémités. Au centre, quatre travées en léger décrochement, accusées par de hauts pilastres à refends entrecoupés par les cordons et au sommet, par un fronton ajouré. Baies divisées par des croisées en quatre ou six jours au dernier niveau, où des frontons triangulaires ou courbes les couronnent. Quatre oculi sous la corniche de pierre moulurée. Vastes bâtières d'ardoises à croupes et deux rangs de lucarnes du même type.
Quartier de l'abbé Van Werdt et des étrangers (6)
Bâtisse en L, où s'ouvre à travers l'aile S. le porche d'entrée, érigée en 1725, comme le rappelle au-dessus de la porte sur cour la dalle armoriée au chronogramme : « Abbas. Van. WerDt. Me. fIerl. feClt. perfeClt. ornaVIt » et à la devise « Unione et concordia ». Deux hauts niveaux de six travées à l'E. et de trois au S., en brique et pierre bleue sur soubassement appareillé, comme la plupart des bâtiments. Amples fenêtres à listel autrefois à croisée sur piédroits bagués. Précédée d'un large perron, porte fortement moulurée à linteau droit, couronnée d'un larmier sur lequel pose le cartouche. Horizontalité de la bâtisse marquée au niveau des seuils et linteaux par des bandeaux de pierre. Allongement de l'aile S., de quatre travées dans le même style, sans croisée, lors de la construction du quartier de l'abbé Dufresne (8). R.d.ch de cette aile ouvert par une suite de portes à linteau droit et de portails en plein cintre. Corniche de pierre moulurée sous vaste bâtière d'ardoises avec lucarnes à croupe.
Quartier de l'abbé Dartevelle (7)
Au S.O. de l'église, devant un jardin français où des sentiers convergent vers une vasque, construction classique contemporaine du cloître. Neuf travées sur deux niveaux fondés sur caves et partiellement sur l'ancien cellier du XIIe s. Accent posé aux angles de la façade par deux avancées polygonales de trois travées et sur le centre par trois travées en légère saillie, particulièrement soignées, entre de hauts pilastres panneautés en creux. Devancée par un perron à double volée, porte moulurée à listel s'ouvrant sur un magnifique escalier à double circonvolution, pourvu d'une rampe Rocaille en fer forgé. A l'étage, porte-fenêtre surmontée d'un fronton courbe donnant sur un balcon en fer forgé également. Couronnant le tout, fronton courbe enserrant une baie rect. et un oeil-de-boeuf posé sur linteau entre deux petites volutes. Partout, baies à croisée, petits-bois et piédroits harpés, sous linteau échancré. Angles des pavillons également harpés. Cordons et corniche de pierre.
Retour en façade S., qui fait face au quartier des étrangers, de six travées analogues aux autres. Au-dessus de la porte, blason de Floreffe avec la devise « Florete Flores ». Corniche de pierre moulurée et importante toiture d'ardoises à croupes parsemée de nombreuses lucarnes. Toiture pyramidale sur les pavillons d'angle.
Quartier de l'abbé Dufresne (8)
Précédée par un jardin en terrasse, bâtisse symétrique, construite en 1782, sur les plans de l'architecte Wincqz. Deux niveaux sur base appareillée, séparés par un cordon. De part et d'autre du frontispice, trois travées de fenêtres à linteau droit à clé et une travée extrême plus large et saillante, ouverte par un portail cintré surmonté d'un grand oculus. Travée centrale creusée d'un passage vers l'aile moderne, autrefois le jardin, avec portail en plein cintre appareillé à refends. Au-dessus, fenêtre accostée d'ailerons entre deux pilastres et fronton courbe troué d'un oculus. Corniche de pierre sous bâtière d'ardoises à croupes, scandée par huit lucarnes de même type.
Ecuries (9)
A l'O. de la cour, anciennes écuries, contemporaines du quartier précédent. Six travées d'arcades en plein cintre au r.d.ch. et de fenêtres sous linteau droit à l'étage. Bâtière d'ardoises à croupe et lucarnes.
Entre ces dernières constructions, passage récent remployant une porte moulurée à linteau droit et crossettes, datée de 1646.
Galerie (10)
Vis-à-vis du quartier Dartevelle, au fond du jardin en terrasse, galerie du XVIIe s., à huit arcades en plein cintre portées par des colonnettes toscanes sur hauts socles carrés. Trois fenêtres à croisée à l'étage. Bâtière d'ardoises à croupes percée de quatre lucarnes.
A g., tour carrée d'allure baroque, à deux niveaux. Au r.d.ch., porte en plein cintre aux moulures profondes qu'interrompent les saillies des bases, des impostes et de la clé millésimée de 1660. Au-dessus, dalle sculptée aux armes de l'abbé Charles de Severi. Fenêtres à traverse ou à croisée, portant sur le linteau un larmier garni d'une sphère entre deux volutes rampantes. Harpes d'angle et toiture caractéristique.
A dr., pavillon de la 2e moit. du XVIIIe s., de deux niveaux sous toit d'ardoises pyramidal et brisé. Entre les harpes d'angle en relief, baies à linteau bombé et clé saillante sur piédroits harpés. Côté S., étage de plain-pied sur le jardin, avec porte sous linteau droit à clé et listel. Cordons à hauteur des seuils et linteaux. Corniche profilée en pierre.
Aile moderne (11)
Un peu en dehors de l'ancien complexe abbatial, bâtiment de classes et chambrettes en béton brut de décoffrage, réalisé par les architectes R. Bastin, G. Van Oost et Ch. Warnier en 1964. Couverture en terrasse.
Enceinte
De l'enceinte de l'abbaye subsistent quelques murs du XVIIe s. et cinq tours carrées, parfois restaurées, semblables à celle accostant la galerie (10). Flèches baroques.
Murailles plus anciennes remontant vers la ferme de Robersart où dans un contrefort à g. de la rampe d'accès à l'abbaye, est insérée une pierre à inscription votive, datée de 1620, accompagnée de la devise de l'abbé Roberti.
Moulin-brasserie (12)
Au pied de l'abbaye, entourée des bâtiments de la ferme (13), construction de deux niveaux de moellons de calcaire dont les deux ailes en équerre, coiffées de bâtières d'ardoises sont séparées au r.d.ch. par le bief du Ru de Floreffe. Exemple exceptionnel d'un bâtiment « industriel » du XIIIe s. dans nos régions (fig. XXVII et 124).
Dans l'aile E., l'étage de sept travées de fenêtres à tympan monolithe sous arc de décharge en tiers-point. Cordon-larmier reliant les seuils. Au r.d.ch., deux baies à meneau de même type et traces d'une 3e. A g., porte dont le linteau en bâtière d'origine provient sans doute du pignon S. Autres percements des XVIIe-XVIIIe s. ou du XIXe s. Face O. semblable, mais plus malmenée. Pignons percés de deux baies à linteau en bâtière. Gradins moulurés en calcaire sans doute du XVIe s. Intérieur nettement divisé en deux parties. Au N., 1ère travée couverte d'une voûte d'arêtes et d'une voûte en berceau sur pilier mouluré central. Voûte en berceau sur la 2e travée et mur de refend du XVIIe s.
Au S., grande salle dont le plafond en bois est renforcé par deux colonnes monolithes en calcaire à chapiteau stylisé. Emplacement primitif de la machinerie du moulin visible dans le mur O.
Autre aile ouverte au N. par une porte en plein cintre entre deux fenêtres à linteau en bâtière. Etage semblable à celui de l'aile E. A l'intérieur, r.d.ch. entièrement voûté d'arêtes et divisé en trois fois trois travées. Retombées des voûtes sur consoles murales et sur quatre colonnes centrales à chapiteau stylisé. Porte vers les roues dans le mur E.
Ferme de l'abbaye (13)
Au pied de l'abbaye et encadrant le moulin-brasserie, ensemble en brique et pierre bleue largement développé à partir d'une ferme du XVIIe s., aujourd'hui en L au N., doublée vers le S. au XVIIIe s. d'une seconde ferme en L et s'étirant de part et d'autre de l'imposant volume de la grange commune du déb. du XVIIIe s.
Façades extérieures pratiquement aveugles, sur r.d.ch. en moellons fortement taluté. Accès par un portail en plein cintre daté de 1649 à la clé, passage charretier voûté d'un berceau continu en brique. Portail sur cour semblable, mais plus grand, en partie bordé par le cordon-larmier qui sépare le r.d.ch. de l'étage. Au-dessus, dalle aux armes de l'abbé Severi, avec devise « Benigna Severitate ». A dr., logis traditionnel contemporain chaulé, de deux niveaux sur caves. Soubassement biseauté en grand appareil calcaire et cordon-larmier entre le r.d.ch. et l'étage dans le prolongement de ceux des étables. Porte primitive coiffée d'une baie d'imposte au XVIIIe s. et encadrée par deux travées de fenêtres jadis à croisée ou traverse. A l'étage, cinq étroites fenêtres à linteau droit et montants chaînés. Façade arrière ouverte au XIXe s. par cinq travées de grandes baies rect. Bâtière à coyau et cinq lucarnes à croupe.
A g. du portail d'entrée, étables s'ouvrant à l'origine par quatre portes à linteau courbe sous arquette de décharge, séparées par deux fenêtres chaînées à linteau droit. A dr., portail surbaissé et harpé percé au XVIIIe s. à l'endroit d'une porte dont les montants ont été remployés. Même transformation au XIXe s. à g. A l'étage, ouvertures du fenil interrompant le larmier. Intérieur couvert au XVIIIe s. de voûtes en voile sur doubleaux.
A l'extrémité g., courte aile en retour abritant jadis un moulin, construite en deux temps durant la 2e moit. du XVIIe s. et s'appuyant à l'arrière sur un mur sans doute médiéval en grand appareil calcaire, longé par un profond bief. Traces d'au moins deux logettes de roues et grande ouverture à g.
Vers la cour, fenêtres chaînées à linteau droit sous arquette. A g., au-dessus du conduit souterrain du bief, fenêtre avec montants moulurés de remploi (XVIe s. ?). Fenêtre centrale détruite par un portail charretier en plein cintre de la 2e moit. du XVIIIe s. Pignons à épis et frise redentée sous bâtières d'ardoises à coyau percées de lucarnes à croupe.
A dr. du logis, belle grange en long du déb. du XVIIIe s. sur soubassement appareillé. Murs triés de deux bandeaux de pierre entre lesquels s'ouvrent deux fenêtres rect. à montants chaînés de part et d'autre d'une porte surmontée d'un oculus à claveaux saillants. Ancres en Y. Harpes d'angle. Portails en plein cintre harpés. Pignons à épis et consoles d'angle profilées. Frise redentée sous haute bâtière d'éternit à croupettes et coyau. Lucarnes à croupe.
A dr., seconde ferme en L du mil. du XVIIIe s. sur court soubassement appareillé.
Au centre de l'aile N., corps de logis classique de deux niveaux, à double corps de trois travées de fenêtres bombées à clé saillante et croisée. Porte moulurée à traverse chantournée et corniche profilée portant les armoiries de l'abbé Feraille datées de 1756 par le chronogramme « CLeMenter aC proVIDE ». Harpes d'angle saillantes et large corniche de pierre moulurée. De part et d'autre, étables, écuries et dépendances parfois remaniées au XXe s. Percements bombés à clé conservant partiellement leur traverse. Chaînages d'angle harpés. Corniches de pierre en cavet sous toitures d'ardoises et d'éternit à la Mansard. Lucarnes à croupe.
En retour d'équerre vers la grange, étables à g. et d'anciennes porcheries à dr., couvertes de berceaux transversaux. Percements à linteau bombé à clé sur montants à queues de pierre. Trois ouvertures de fenil sous sablière.
Vivier
A côté d'un étang, qui primitivement l'entourait, tour-colombier carrée du déb. du XVIIIe s. en brique de deux niveaux. Au N., étroite porte chanfreinée à linteau droit et montants chaînés, aujourd'hui murée. A l'étage, aires d'envol sur consoles en quart-de-rond au S. et au N. Chaînages d'angle en calcaire. Lourde flèche octogonale d'ardoises sur modillons de bois, en cloche, terminée par une fausse guette en charpenterie, surmontée d'un épi.
Petit logis en L greffé contre la face E., construit en deux étapes, au déb. du XXe s.
« Floreffe / 850 ans d'histoire », Floreffe, 1973. - J. JEANMART, L. CHANTRAINE, L.F. GENICOT, N. MARCHAL, « Les constructions médiévales de l'ancienne abbaye de Floreffe », Centre d'histoire de l'architecture et du bâtiment, no 2, Louvain, 1973.
Division : Floreffe
Prospection effectuée en 1975
Tome : IPM - 5/1 (1975)
Page(s) :
92045-INV-0159-01