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Localisation

Adresse principale : Rue des Jardins d'Annevoie 47, ANHEE (Annevoie-Rouillon)

Classement

Tout ou partie de ce bien est classé ou fait partie d'un site classé et fait partie du(des) dossier(s) suivant(s) :

Notice

N° 47. Château d'Annevoie. Célèbre par ses très beaux jardins, château d'allure classique établi près du ruisseau de Rouillon, en fort contre-haut de la vallée de la Meuse. Il profite merveilleusement du site escarpé et des quatre sources environnantes qui alimentent tout le réseau hydraulique des jardins (fig. II).
Seigneurie foncière dépendant du bailliage de Montaigle, dans le comté de Namur. Appartient aux Emines aux XVIe et XVIIe s. et passe en 1671 à la maison des vicomtes de Namur d'Elzée.
Annevoie devient propriété des Montpellier par l'alliance de Jean de Montpellier, maître de forges, et Marie de Halloy; elle est léguée en 1675 à leur fils Jean puis passe à Charles-Alexis (1717-1807), bailli de Montaigle et maître de forges également, qui remodèle l'ensemble de la propriété.
Précédé d'une cour d'honneur limitée à rue par d'importantes dépendances, château en moellons de calcaire probablement enduit autrefois, construit en plusieurs étapes au XVIIIe s., à partir d'un manoir du siècle précédent. Maçonneries extérieures, caves et combles permettent d'en saisir les grandes phases de développement, réalisées non sans tâtonnements.
Vers le parc, façade bordée d'une large pièce d'eau qui trahit clairement l'existence d'un manoir traditionnel à dr., de la 1re moit. du XVIIe s. Coffre principal de deux niveaux dont la maçonnerie en grès et calcaire, peu homogène, apparaît plus clairement vers l'étang où elle est nettement délimitée à g. par une couture et une harpe d'angle. De ce côté, trois travées de fenêtres jadis à croisée sur montants harpés probablement postérieures à 1627. Pignon droit également ajouré, où certaines baies ont été ajoutées. Epaisse frise redentée en brique, limitée à ce premier manoir du XVIIe s. A l'angle E., grosse tour rectangulaire dont le r.d.ch. sur cave, mélangeant grès et calcaire, est daté de 1627 par les ancres de la face N.E., vers l'ancienne ferme. De ce côté, fenêtres primitives, l'une à croisée liée à l'angle chaîné, les autres jadis à traverse sur montants chaînés. Deux étages en moellons de calcaire peut-être postérieurs, mais toujours du XVIIe s., qui présentent des baies traditionnelles moins lourdes, aujourd'hui transformées, et des chaînages d'angle plus réguliers. Ouvertures vers l'étang agrandies et maçonnerie de la face g. retravaillée. Sommet refait en brique avec la frise redentée, sous le pavillon d'ardoises à croupes et coyau.
Vers le mil. du XVIIIe s., poursuite de la construction vers le S.O. en redressant l'axe du château primitif. Aile à double corps de cinq travées primitivement d'un seul niveau, que signalent différents indices : en façade avant, côté cour, maçonnerie en calcaire assisé marquée de chaînages harpés; à l'arrière, mur en moellons plus grossiers, de grès et de calcaire, que délimitent nettement des coutures verticales et une assise de brique horizontale.
Subsistent de ce côté quatre fenêtres d'origine à linteau bombé à clé sur montants harpés encadrant le frontispice postérieur. Cave couverte d'un long berceau en pierre, éclairée par cinq soupiraux côté cour, celui du centre condamné plus tard par le frontispice avant; dans les combles, vestige de l'ancienne faîtière et du solin de toiture.
Vers 1770, développement de la construction, peut-être sur les plans de l'architecte entrepreneur Phazelle, pour aboutir à l'ensemble actuel qui reflète le goût classique de la symétrie.
Adjonction d'un étage sur la partie médiane et de deux travées vers le S.O.; construction du gros pavillon d'angle, peut-être à l'endroit d'une structure plus ancienne, sur l'axe du canal plutôt que sur celui du château; réalisation de deux courtes ailes vers la cour et centrage de la composition par un frontispice, à l'avant comme à l'arrière.
Ensemble du château éclairé par de grandes fenêtres au linteau bombé à clé sur montants harpés. Frontispices en brique encore partiellement stuqués, dont les deux registres, cantonnés de pilastres et couronnés d'un fronton triangulaire, s'ouvrent par un portail en plein cintre à clé et impostes moulurées et par une large porte-fenêtre bombée à clé. Motifs de stuc et garde-corps Régence (fig. 17).
Courtes ailes sur cour également structurées par des pilastres et des panneaux stuqués, avec motifs en consoles et têtes humaines.
Corniche de pierre moulurée, plus forte à l'avant, sous les toitures d'ardoises à coyau ponctuées de lucarnes à croupe ou à fronton courbe.
Pavillon S.O. largement ouvert sur le canal par trois travées de fenêtres se découpant dans une façade en brique appelant un enduit. A l'intérieur, très belle salle ornée de stucs Louis XVI signés et datés « Charles Moretti / fecit 1776 », avec le monogramme de Charles-Alexis de Montpellier (fig. 17 bis).
Dans les autres salles, stucs Louis XV et Louis XVI; grisailles peintes par Nicolas-Charles de Montpellier (1755-1813). Oratoire orné de stucs Louis XVI, blancs et dorés, avec peinture de la Vierge à l'Enfant. Départ d'escalier daté de 1773, déplacé. Au 1er étage, au N.E., petit salon du déb. du XIXe s. décoré de toiles de Charles de Montpellier.
Fermant la cour d'honneur, anciennes dépendances qui abritaient les écuries, classiques vers l'extérieur, plus traditionnelles côté cour où s'ouvrent des fenêtres jadis à croisée ou à traverse. Deux forts pavillons de trois niveaux, sous toiture à la Mansart, flanquent le corps central plus bas qui se creuse du porche d'entrée. Façade principale destinée à être enduite, en moellons de grès et de calcaire, ou en brique pour la modénature, structurée par des pilastres colossaux à refends. Sur l'axe, fronton triangulaire marquant le portail en plein cintre.
Côté gauche de la cour fermé après coup par une galerie de brique et pierre de la fin du XVIIIe ou du déb. du XIXe s. (?), rythmée par des pilastres encadrant onze portails en plein cintre à clé, aujourd'hui presque tous obturés.
A dr., à côté du four à pain, passage vers l'ancienne ferme avec clôture ajourée, d'esprit Empire. Certains murs en grès probablement antérieurs. Corniche de pierre en cavet puis amorce d'une superstructure différente qui accusait les pilastres. Bâtière d'ardoises. Arrière en moellons, plus hétérogène.
Côté droit jadis bordé d'une galerie similaire dont l'un des portiques donnait accès aux jardins.
Intégré dans la vallée du ruisseau du Rouillon, s'étendant sur quelque 11 ha, grand parc composé dans la 2e moit. du XVIIIe s. par Charles-Alexis de Montpellier et restauré par Pierre de Montpellier au débbut des années '40.

Jardins saisissants par la diversité de leur inspiration : rigueur française des allées, des palissades et des parterres, fantaisie italienne des nombreuses cascades, charme plus anglais de la haute futaie. Ruisseaux et sources, régularisés par le grand canal situé sur les dessus, alimentent par un système de vases communicants les multiples fontaines, miroirs, jeux d'eau, chutes et cascades.
Nombreuses statues de pierre et de fonte, bambins cracheurs, bustes à l'antique, pour la plupart rassemblés par Pierre de Montpellier. Minerve du XVIIIe s. signée « DE TOMBAY Sculpt. » dans un cabinet autrefois peint. A l'entrée à dr., pavillon de jardin polygonal, du XIXe s. (Pl. I).
Isolé en contre-haut des jardins, vers l'E., ancien ermitage du déb. du XIXe s., en moellons de calcaire, implanté perpendiculairement au versant. Construction comprenant un bel étage sur cave, éclairé par une fenêtre à meneau sur chaque face et orné de peintures contemporaines réalisées par Nicolas-Charles de Montpellier. Au XIXe-XXe s., ermitage agrandi vers le plateau et flanqué de deux annexes, le tout en maçonnerie rustique, et faussement daté « 1385 ». TC.[50]

Th. CORTEMBOS et N. de HARLEZ de DEULIN, Le château et les jardins d'Annevoie, dans Le patrimoine majeur de Wallonie, Liège, 1993, p. 403-406.