Inventaire du patrimoine immobilier culturel

 château (Château de Jodoigne-Souveraine, Cense ou Hôtel de Glimes)

Adresse principale : Chaussée de Charleroi 165, JODOIGNE (Jodoigne-Souveraine)

Bien inscrit comme : Monument

Tout ou partie de ce bien est classé ou fait partie d'un site classé et fait partie du(des) dossier(s) suivant(s) :

• Patrimoine - Biens classés et zones de protection :
  • 25048-CLT-0010-01, 25048-CLT-0046-01
• Patrimoine - Biens repris sur la liste du patrimoine exceptionnel de Wallonie :
  • 25048-PEX-0003-01

Château de Jodoigne-Souveraine, cense ou Hôtel de Glimes.

L'existence d'une seigneurie, possession de la famille de Jodoigne, apparentée à la maison ducale, est attestée dès le milieu du 12e siècle. Passé à la famille de Glimes dès le 14e siècle, le domaine fut vendu en 1696 et racheté deux ans plus tard par l'avocat Jean-Baptiste Gaethovius, seigneur d'Hakendover près de Tirlemont. Sa fille épousa successivement un comte de Glimes et un baron de Spangen. Les deux fils issus de ces mariages, édifièrent le château actuel daté en deux endroits de 1763 et 1764, à partir d'un noyau plus ancien perceptible mais difficilement identifiable, que l'on fait remonter traditionnellement au 17e siècle.
Bel ensemble homogène constitué d'une ferme intégrant un gros logis seigneurial, dont les longues ailes se déploient en U largement ouvert à l'est, autour d'une cour gazonnée qu'occupent jardin et potager clôturés par un long mur de brique. L'accès se fait par deux tours-porches, l'une flanquant le logis, et l'autre au nord, plus proche des bâtiments d'exploitation.
Au nord-ouest, un superbe parc de style paysager, agrémenté d'un important plan d'eau est sillonné par quatre voies d'accès, dont une drève de grands tilleuls.
Les différents corps de bâtiments sont en briques, pierre de Gobertange et pierre calcaire sur un soubassement en moellons de grès et sous des toitures d'ardoises généralement en bâtière, plantées çà et là de petites lucarnes à croupes et bordées pour la plupart de corniche et de trous de boulin en pierre. Quelques percements témoignent de remaniements au cours des 19e et 20e siècles.
À l'ouest, l'imposant corps de logis, appelé « l'hôtel », est de plan rectangulaire et s'élève sur deux niveaux sous une haute et large bâtière à croupes et à coyaux. La façade principale est éclairée par des baies aux montants en calcaire moulurés, sous un linteau surbaissé. Encadrées par deux pilastres creusés d'une table sous chapiteau composite, les trois travées centrales sont surmontées d'un entablement percé de deux baies ovales encadrant les armoiries des de Glimes. Au-dessus, un fronton à riche décor porte le blason des Spangen. La porte d'entrée, sous forte corniche, à traverse légèrement incurvée est sculptée d'une rocaille; la baie d'imposte à ferronnerie est de style Louis XVI. Elle est surmontée d'un cartouche où se lit l'inscription: « ANTOINE-JOSEPH COMTE DE GLIMES ET ERNEST-JOSEPH BARON DE SPANGEN, DEUX DEMI-FRERES, ONT FAIT REBATIR CET HOTEL L'AN 1764 ». La façade arrière est bordée d'une terrasse en pierre de Gobertange appareillée et est accessible par un escalier bordé d'une balustrade en fer forgé. Le rez-de-chaussée est percé de grandes baies rectangulaires en pierre de Gobertange, sous linteau bombé à l'étage.
Dans un volume remontant peut-être au 17e siècle, entre des pignons débordants sur oreilles, à l'avant comme à l'arrière, prolongation de deux travées d'habitation pareilles à celles du corps de logis. La façade sur cour est bordée d'une frise de briques dentée interrompue en son centre par une lucarne passante très étroite.
À droite, volume plus bas (grange ?), partiellement converti en habitation: porte à traverse incurvée, au linteau bombé sous forte corniche et à droite, baie de même type.
À droite, deux portes charretières (une transformée ) à arc surbaissé à grosse clé, porte et fenêtre d'étable à linteau bombé, en calcaire.
Fermant cette longue aile, une remise à voitures est rythmée par trois arcades en plein-cintre reposant sur des colonnes et piliers à chapiteau toscan. L'intérieur est couvert de voiles de briques, renforcés par des arcs doubleaux retombant sur le même type de colonnes. Percements rectangulaires plus récents à l'étage. À l'arrière, fenêtres en pierre de Gobertange, sous linteau bombé ou sous linteau droit refait récemment.
En retour à droite, dominée par une haute tour-porche de plan carré, aile d'écurie basse et moins profonde, aujourd'hui amputée d'une partie, comme en témoigne le mur extérieur à droite de la tour-porche, percé d'archères et de trous de boulin en pierre, maintenu en guise de clôture. Bordée d'une frise de briques dentée, étable rythmée par des portes en anse de panier creusées d'une gorge sur congés et par des fenêtres et des baies gerberesses, le tout en pierre de Gobertange. Remaniements et ajouts au 19e siècle. Entrée cochère à arc surbaissé en briques et piédroits partiellement harpés surmontées de trois baies plus récentes. Du côté extérieur, l'arc en anse de panier comporte des impostes saillantes prolongées de queues de pierre, gravées des noms : « GLYMES » et « YEL(D)EGHEM », sans doute Winand de Glymes et sa femme Michelle d'Ydeghem, seigneurs de Jodoigne-Souveraine décédés respectivement le 8 septembre 1668 et le 31 mai 1671. La tour est coiffée d'une courte flèche polygonale sur égout retroussé.
Un peu plus loin, adossé au mur de clôture, petit pavillon carré de la 2e moitié du 18e siècle ouvert par trois arcades en briques reposant sur des piles rondes en briques striées de bandeaux en pierre de Gobertange, sous chapiteaux toscans. Harpes d'angle enserrant la maçonnerie, trous de boulin et corniche également en pierre, le tout couvert par un petit dôme octogonal sur égout retroussé planté d'une fine aigrette piriforme.
En face, l'aile sud contemporaine de « l'hôtel », regroupe écuries, remises, « chambre à four » et habitation. Ce long corps de bâtiment de deux niveaux, dont les angles légèrement arrondis entre deux harpes de pierre se terminent par deux tours; l'une abrite le porche d'entrée ouest, l'autre, une chapelle. La façade sur cour est percée de quatre portes et fenêtres en calcaire à linteau bombé avec clé passante et pendante et une harpe à chaque extrémité des montants. Pour les deux entrées latérales, traverse légèrement bombée et ferronnerie de baie d'imposte, celle de gauche portant le millésime de 1763. Trois larges portes en plein-cintre sur colonnes toscanes en calcaire, desservent autant de remises à voitures. Grandes fenêtres d'habitation à l'étage pourvues d'un chambranle de même pierre à linteau surbaissé. Côté parc, ensemble homogène de fenêtres à linteau bombé, en pierre de Gobertange. Baies respectivement identiques en façade de tours; celle du porche présentant vers le parc une entrée cochère en pierre de Gobertange sous arc surbaissé à clé et impostes légèrement saillantes. Suite à un incendie, la charpente ainsi que plusieurs encadrements de baies ont été reconstitués à l'identique à partir de 2001.

FM

Bibliographie

PMB-W, t. 2, 1974, p. 267-269.
BERCKMANS O., Jodoigne-Souveraine, dans Le Grand Livre des châteaux de Belgique, 1, Bruxelles, 1977, p. 162-163.
TARLIER et WAUTERS, canton de Jodoigne, p. 56 et 57.