Inventaire du patrimoine immobilier culturel

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Adresse principale : Avenue de Batta 3 à 7, HUY (Huy)

Tout ou partie de ce bien est classé ou fait partie d'un site classé et fait partie du(des) dossier(s) suivant(s) :

• Patrimoine - Biens classés et zones de protection :
  • 61031-CLT-0019-01

N°s 3 à 7. Maison Batta. Ancien refuge de l'abbaye du Val-Saint-Lambert. En bordure de la Meuse, face à la citadelle, remarquable ensemble de constructions datant principalement des XVIe et XVIIe s.
On ignore encore tout du premier refuge bâti à Huy par l'abbaye de Seraing. Mais il est un fait, cet établissement religieux contrôla vite une partie des cens fonciers primitifs de la ville et avant 1235, le premier refuge avait été construit.
Les bâtiments qui nous occupent ont été reconstruits sous l'abbatiat de dom Renier de Razier (1559-1577). Les travaux furent poursuivis par son successeur, Guillaume (le) Pannetier de Fraipont, trécensier à Huy dès 1559 et décédé en 1589. L'ensemble fut agrandi à partir de 1643. Le refuge fut adjugé le 22 pluviôse an VI au citoyen Bovy. Face à la Meuse, le volume de g. domine les autres et est le plus ancien. Il abrite une belle et vaste habitation dont la façade S.-E. s'ouvre sur un jardin bordé le long du halage par un haut mur de six rangs de grand appareil calcaire bien équarri. Une entrée limitée par des piliers à refends a été aménagée sans doute à la fin du XVIIe s. ou au début du XVIIIe s. Couronnements transformés.
L'habitation, plusieurs fois remaniée dans ses ouvertures, est élevée en briques sur soubassement de grand appareil calcaire. Chaînages harpés aux angles. Deux niveaux de sept travées percées de grandes fenêtres rectangulaires remplaçant des baies chaînées à croisée dont appuis, traverses et linteaux se prolongeaient en bandeaux continus tout comme sur le pignon S.-0. où ils sont encore visibles. Sur cette face, au soubassement biseauté, deux fenêtres à croisée et une à meneau bouchées, celles du R.d.ch. à encadrement de calcaire, celle de l'étage à encadrement de tuffeau. En façade, au-dessus du second niveau de baies, bandeau en tuffeau finement mouluré sur rangée de modillons cannelés. Corbeaux en tuffeau à volutes et cannelure sous la corniche. Dans la haute bâtière d'ardoises, deux remarquables lucarnes monumentales de style Renaissance, en moellons de tuffeau, chacune ajourée d'une baie à croisée surmontée d'un fronton en briques et tuffeau. A sa base flanquée de volutes finement ouvragées, médaillon ovale inséré entre deux colonnes cannelées à chapiteau ionique supportant un entablement profilé. Partie supérieure demi-circulaire bordée d'un encadrement en tuffeau mouluré et renfermant dans un anneau de briques un médaillon circulaire orné d'une tête humaine en haut relief. Au pignon N.-E. ouvert sur une cour, agrandissement des ouvertures. Bandeaux de tuffeau profilés partiellement coupés. Dans la croupette g. de la bâtière, haute souche de cheminée en briques décorée de petites figures humaines en tuffeau.
Largement endommagée pendant la guerre 40-45 et reconstruite peu après celle-ci, façade à rue en briques, calcaire et tuffeau. Ouvertures du R.d.ch. refaites. Bandeaux profilés en tuffeau entre les deux niveaux. Fenêtres à croisée partiellement remaniées à l'étage. Rangée de corbeaux semblables à ceux de la face S.-E. Deux petites lucarnes à fronton triangulaire. Coyau plus largement prononcé à l'angle N.-0. du bâtiment. A l'intérieur de l'habitation, ancienne chapelle remarquablement ornée de stucs. Appuyée contre l'extrémité dr. de la façade S.-E. du bâtiment principal et perpendiculaire à celui-ci, annexe d'un seul niveau en briques et calcaire sur soubassement de grand appareil limité par un cordon biseauté. Ouvertures pour la plupart transformées. Pignon oblique, élevé sur haut soubassement de grand appareil calcaire et éclairé par une baie chaînée à croisée surmontée d'un bandeau en tuffeau profilé. Epis de briques. Couverture d'ardoises.
Appuyée à l'arrière de cette annexe, tour carrée, de très peu postérieure à l'habitation principale, et elle-même flanquée vers la Meuse d'une tourelle carrée de même niveau. Maçonnerie de briques et calcaire sur soubassement de grand appareil biseaute. Tuffeau et briques à l'étage. Chaînages harpés aux angles. R.d.ch. surélevé et éclairé jadis sur les trois faces par une fenêtre chaînée à croisée (l'une d'elles transformée en porte-fenêtre). Celle au N.-0. surmontée d un fronton orné. Même type de baie à l'étage. Ici, encadrement mouluré. Frontons semblables. Prolongement des appuis, traverses et linteaux en bandeaux plats continus. Cordons profilés entre les étages. Belle frise décorative en tuffeau surmontant chaque façade : alternance de médaillons circulaires et de rectangles cannelés. Pignons galbés, à volutes, avec, au N.-E., deux importants médaillons ovales autrefois armoriés, entre deux pilastres couronnés de vases. Bâtière d'ardoises. Vers la Meuse, tourelle de base carrée coiffée d'un court pavillon d'ardoises à six pans. Maçonnerie de briques, chaînage et percements en calcaire au Rez-de-chaussée, en tuffeau à l'étage. Angle S. débordant du mur de soubassement abritant les anciennes latrines soutenues par deux consoles à double encorbellement. Trace d'une porte rebouchée au S.-E. Rares et petites ouvertures au S.-0.
En 1643, sous l'abbatiat de Michel Taxillis (1635-1666), construction d'une nouvelle aile dans le prolongement de l'habitation principale vers l'E. Le R.d.ch. est percé, en son centre, d'un arvô conduisant au quai de halage et menant autrefois au pont enjambant alors la Meuse en cet endroit. Longue et étroite construction en briques et calcaire sur soubassement de quatre rangs de grand appareil soigneusement équarri. En façade N.-0., arc cintré de l'arvô daté sur clé 1653 au-dessus d'un blason autrefois armorié. De part et d'autre, portes transformées et baies a croisée, à traverse et simples jours carrés. Fenêtres à croisée et à traverse au premier étage (deux d'entre elles appui abaissé). Au-dessus de l'arvô, pierre calcaire datée 1701, insérée lors de transformations entreprises par l'abbé Pierre de Magnery (1694-1702). Rangée de petites fenêtres chaînées à linteau droit au dernier niveau. Appuis, traverses et linteaux prolongés en bandeaux plats continus sur toute la façade. Frise de briques dentée sur gouttes. Côté Meuse, tour carrée flanquée contre la façade, à g. de l'arvô, et délimitant une cour bordée d'un grand mur de grand appareil calcaire. Accès par une porte cintrée traversant le R.d.ch. de la tour harpée aux angles et éclairée par de rares percements chaînés à linteau droit et une ouverture de tir au-dessus de la porte. Toiture d'ardoises pyramidale à coyaux. Donnant sur la cour, façade S.-E. de l'aile du XVIIe s. sur haut soubassement biseauté. Entrée cochère cintrée à g., une baie à croisée, deux baies à traverse et une porte à linteau droit surmontée d'une baie d'imposte au R.d.ch. A l'étage, aménagement récent d'une terrasse. Trois baies à croisée et une à traverse, jointives. Au-dessus, pierre calcaire datant l'aile de 1643. Deux jours rectangulaires sous bandeau plat calcaire. A dr. de la tour, arc de l'arvô en briques. Soubassement de moellons de grès régulièrement semé de moellons calcaires carrés. Trace d'un arc cintré (entrée cavée ?) Ouvertures récentes à encadrement de briques. Bel étage éclairé par trois fenêtres à croisée. Appuis abaissés. Cinq jours rectangulaires chaînés sous la toiture. Linteaux, appuis et traverses se prolongeant en bandeaux plats continus. Corniche en calcaire moulurée sur corbeaux profilés.Bâtière d'ardoises percée au S.-E. par sept lucarnes à croupe sommées d'épis à ailerons ajourés (fig. 43, 44, pl. I, I). M.M.
R. DUBOIS, op. cit., p. 45-47; A. JORIS, La ville de Huy au Moyen Age des origines à la fin du X/Ve s., Paris, 1959, p. 254 ; D. VAN DERVEEGHDE, Le domaine du Val Saint-Lambert de 1202 à 1387. Contribution à l'histoire rurale et industrielle du Pays de Liège, Paris, 1955; U. BERLIERE, II, Monasticon belge, p. 155-172; P. CLERX, Liste générale des églises et couvents... vendus comme propriété nationale..., dans, BIAL, t. XVI, Liège, 1881, p. 494.