Inventaire du patrimoine immobilier culturel

 abbaye (Abbaye de Saint-Laurent)

Adresse principale : Rue Saint-Laurent 79, LIEGE (Liège)

Bien inscrit comme : Monument

Ancienne abbaye bénédictine de Saint-Laurent. Fondé à la suite de la construction en 968 d'un oratoire dédié à saint Laurent par Eracle et continué par Wolbodon et Durand, le monastère reçoit sa charte de donation en 1034 des mains de l'évêque Réginard. Cette abbaye prospère sera jusqu'à sa suppression en 1796 un foyer intellectuel au rayonnement très vaste. Les bâtiments, occupés par un hôpital militaire depuis 1796, sont à présent occupés par une caserne de l'armée.
Bâtiments articulés autour de deux vastes cours jointives. Au sud-ouest, accessible par un porche du 15e siècle, la cour d'honneur est bordée sur un côté par le bâtiment dit “du Vivier”, au fond par l'ancien hôtel abbatial des 17e et 18e siècles. Le troisième côté, vers la rue Saint-Laurent, est une construction en style néo-gothique datant de 1904 et remplaçant les écuries.
La deuxième cour est constituée par les trois côtés de l'ancien cloître, du 18e siècle, autrefois complétés par l'église abbatiale démolie en 1809. Un bâtiment surmonté d'une tour relie le quartier abbatial et le bâtiment conventuel.
Portail en calcaire, accosté de contreforts, construit vers le milieu du 15e siècle, probablement sous l'abbatiat de Henri delle Cheraux (1434-1459). Large arcade cintrée moulurée donnant accès à un porche voûté d'arêtes. Au fond, mur percé de deux portes jointives en arc brisé retombant sur un fût massif : à gauche, porte charretière, à droite porte piétonne surmontée d'une baie cintrée rebouchée. Porte piétonne et baie ont leur voussoir orné de rosettes. Étage du porche percé de baies remaniées au 19e siècle. Côté cour, baies néo-gothiques à croisée et porte à encadrement mouluré et baie d'imposte à meneau. Bâtière d'ardoises à coyaux, soulignée par une corniche de bois récente.
Hôtel abbatial. Bâtiment du 17e siècle, transformé en 1727. La façade côté cour, longue de seize travées sur deux niveaux, a gardé son aspect primitif excepté l'avant-corps central. Dans une maçonnerie de calcaire, baies autrefois à croisée, à linteau droit, aux appuis prolongés en cordon à l'étage. Les trois travées centrales en brique et calcaire sont percées de baies à piédroits en plate-bande et piédroits à refends. Au centre, portail en plein cintre à clé monumentale, dans un encadrement de calcaire mouluré. Couronnant les trois travées, fronton orné des armes de l'abbé Grégoire Lembor, avec la devise “Suavitate ac Robore” et la date 1727. La façade sud, vers la ville, date de 1727. Large de dix-sept travées et bordée de chaînes à refends, elle présente la même composition que l'avant-corps central côté cour. Au fronton, les armes et devise de Grégoire Lembor et la date 1727. Bâtière d'ardoises à coyau et croupettes et lucarnes à croupe.
Le bâtiment du Vivier fermant la cour à l'ouest doit son nom au vivier qui occupait jadis l'emplacement du jardin Emile Wiquet. Anciens communs construits en 1618 par Oger de Loncin et restaurés, d'après chronogramme, en 1649 par l'abbé Gérard Sany, à la suite de la destruction par le général allemand Otto Von Spaar le 26 août en 1649. Côté cour, façade en deux parties : à droite, sept travées limitées par un chaînage, appareillées en grès houiller et calcaire, formant damier. Baies jadis à croisée sous linteau droit. A l'étage, seuils saillants moulurés formant cordon sur lequel repose une dalle aux armes d'Oger de Loncin. A droite, porte cintrée surmontée des armoiries de Gérard Sany. Les cinq travées de droite sont en brique et calcaire. Baies autrefois à croisée sous linteau droit déchargé par trois arcs, piédroits chaînés. Armes d'Oger de Loncin sous la corniche de bois. La façade à rue en calcaire, autrefois aveugle, a été percée au 19e siècle de baies cintrées au rez-de-chaussée et rectangulaires à l'étage. Au-dessus de la deuxième fenêtre du rez-de-chaussée, en comptant de la droite, chronogramme gravé : « GERARDVs SANI PRAESVL LAVRENTI ANVS IN PATIENTIA FORTITVDINE ET PRVDENTIA RESTAVRAVIT », donnant la date de restauration 1649. Pignon droit, partiellement masqué par une construction récente, daté 1618. Une fontaine néo-classique datant de la 1re moitié du 19e siècle, partiellement restaurée, s'adosse à la façade vers le jardin Emile Wiquet.
Le cloître, en brique et calcaire, affecte un plan en U. Il est attribué à Barthélemy Digneffe. Sa construction commence en 1748 par l'aile nord-est, se poursuit en 1758 par l'aile sud-est, et en 1770 par l'aile sud-ouest. Celle dernière est prolongée en 1920 par sept travées réalisées dans le même style.
Ces trois ailes présentent des percements à linteau bombé et clé passante. Les façades sont animées par des avant-corps encadrés de chaînes à refends. La façade sud-est, vers la ville, est particulièrement majestueuse. Large de vingt-cinq travées, elle est marquée par un avant-corps central de cinq travées percé de baies cintrées et couronné par un fronton tringulaire daté 1758. Un dôme carré interrompt la toiture en bâtière. Les frontons cintrés qui couronnent les travées extrêmes portent le millésime 1764 et le gril de Saint-Laurent.
Entre le cloître et l'hôtel abbatial, bâtiment datant de 1770 environ. Côté ville, il se présente comme une tour de cinq niveaux, percée de baies à linteau bombé et coiffée d'une toiture en pavillon à profil sinueux. Encadrant la tour, deux travées en retrait sommées d'ailerons. Vers la cour, la tour est masquée par une prolongation du logis abbatial, percée de baies à linteau en plate-bande.
Vers la ville, les vignes et jardins qui occupent la colline étaient enclos par des murs en grès houiller et calcaire partiellement conservés. Un pavillon, ancien vide-bouteille, s'élève au fond, vers la rue Monulphe.

FDC

Bibliographie