Inventaire du patrimoine immobilier culturel

 Bureau(x) - Couvent - Ecole - Hôpital - Hospice (Couvent des Récollets - couvent des Franciscains)

Adresse principale : Rue de Charleroi 23, NIVELLES (Nivelles)

Bien inscrit comme : Monument

Tout ou partie de ce bien est classé ou fait partie d'un site classé et fait partie du(des) dossier(s) suivant(s) :

• Patrimoine - Biens classés et zones de protection :
  • 25072-CLT-0001-01

Philosophique, Public

Non accessible.
Occupant l'îlot entre les rues de Charleroi et le boulevard Charles Van Pee, l’ancien couvent des Récollets est un remarquable ensemble architectural composé d’une grande chapelle conventuelle, devenue par la suite église paroissiale des saints-Jean et Nicolas, et, contre son flanc sud, des bâtiments conventuels développés autour d’un cloître.
Du premier couvent construit par les Frères Mineurs entre 1230 et 1232, il ne reste aucun bâtiment. À partir de 1524, le couvent est reconstruit totalement par les Observants, successeurs des Frères Mineurs.
La construction de l’église fut entreprise dès 1524. Les bâtiments conventuels furent construits une vingtaine d’années plus tard. Détériorés pendant les Guerres de Religion, ils furent partiellement reconstruits à la fin du 16e siècle. Au milieu du 18e siècle, le couvent subit des remaniements et des agrandissements, avant sa fermeture en 1797. Au 19e siècle, l’ancien complexe religieux connut différentes affectations : hôpital général et hospice, puis établissement scolaire. Une grande campagne de restaurations entre 1960 et 1967 par les architectes S. Brigode et W. Hanse a permis de dégager les bâtiments d’origine.

L’église de style gothique est un imposant vaisseau construit en calcaire gréseux appareillé sur un soubassement en calcaire. La longue nef est percée de dix hautes baies à arc brisé en calcaire précédé d’une abside pentagonale. Prise entre deux contreforts d'angle à double retrait, la façade-pignon en partie reconstruite est percée par un portail aux piédroits profondément moulurés. Il est surmonté d'une immense fenêtre à six jours dont le tympan est décoré de trois jeux de meneaux flamboyants ajoutés lors de la restauration.
Le côté nord est scandé par de robustes contreforts entre lesquels prennent place de hautes baies de même facture qu’en façade. Une petite chapelle latérale contemporaine de la nef y est accolée. Le côté sud contre lequel s’appuie le cloître est de facture identique. Des toitures d'ardoises présentent deux versants sur le vaisseau et cinq pans sur le chœur. Le clocheton octogonal a été ajouté lors de la restauration. Des marques lapidaires de la famille Le Prince, du 16e siècle et d’autres inconnues se retrouvent sur l’édifice. À l'intérieur, le vaisseau unique est couvert d'une voûte d'ogives dont la clé de voûte de l’abside porte l'aigle de la Maison d'Autriche.

Les bâtiments conventuels comportent trois ailes autour du cloître dont le gros-œuvre appartient pour l’essentiel au 16e siècle, et un bâtiment en décrochement de l’aile sud du 18e siècle. Le cloître en briques sur un soubassement biseauté en calcaire est formé de quatre galeries décorées à l’intérieur de plafonds plats et de stucs de style Régence. Des pierres tombales sont insérées dans le dallage.
Appuyée contre l’église, la galerie nord est scandée de trois contreforts en calcaire gréseux sur un socle en calcaire qui répondent à ceux de l’église. Huit baies brisées aux piédroits striés de deux bandeaux en calcaire gréseux sont surmontées de quatre baies à croisée en calcaire sur montants chaînés en calcaire gréseux. Une corniche en doucine court sous l’appentis d’ardoises. A l’intérieur, une porte de style gothique donnant accès à l’église est formée d’un linteau droit décoré jadis d’une accolade et d’un blason aujourd’hui arasés; montants harpés, encadrement creusé d’une profonde moulure se terminant à la base des piédroits en colonnette.

L’aile orientale est la plus ancienne et la mieux préservée. Elle est percée au rez-de-chaussée de six fenêtres brisées enserrant une porte axiale cintrée. Entre les deux niveaux, jeu de briques noires formant un réseau de losanges. L’étage est éclairé par deux baies à croisée chanfreinée de calcaire sur montants chaînés en calcaire gréseux et quatre fenêtres à traverse, chanfreinées et deux petites baies bouchées. Un cordon mouluré en calcaire gréseux souligne les appuis des baies. La construction est millésimée de 1548 par des briques moulurées sous la corniche et de 1586 par une brique peinte en noir. La façade arrière de cette aile vers le boulevard, de deux niveaux s’élève sur un soubassement en calcaire gréseux appareillé. Le rez-de-chaussée en moellons de grès est percé de trois baies brisées à remplage gothique flamboyant éclairant la salle capitulaire, dont celle du milieu en légère saillie, et de quatre baies à croisées sous arcs de décharge. Un cordon mouluré sépare les niveaux. Huit fenêtres à croisée en calcaire sur montants chaînés en calcaire gréseux scandent l’étage en briques. Une corniche en calcaire profilée en doucine sous une bâtière d'ardoises à deux lucarnes au-dessus de chaque façade.

Rattachée au mur gouttereau de l’église et permettant l’accès aux combles de celle-ci, une tourelle d'escalier octogonale alterne des assises de briques et de calcaire gréseux. De petites baies carrées éclairent l’édicule. Un petit toit octogonal en ardoises est sommé d'un pinacle métallique. A l'intérieur de la galerie du cloître, une porte à linteau en accolade de style naturaliste sur montants harpés et moulurés donne accès à la salle capitulaire couverte d’un plafond du 18e siècle supporté par deux colonnes galbées ioniques et décoré d’armoiries peintes.
Au nord de la salle capitulaire, entre la petite sacristie voûtée et le chœur de l’église, se trouve un couloir, contenant un escalier vers l’étage, couvert de voûtes d'ogives en briques, dont la clé plate est millésimée "1554".

La galerie sud du cloître est percée au rez-de-chaussée de neuf baies en briques en arc brisé et à l'étage de huit petites baies carrées à linteau et appui en calcaire sur montants en briques, sous arcs de décharge. Au-delà de cette galerie, aujourd’hui sous appentis, l’aile sud du cloître a été agrandie et surhaussée d’un niveau au 18e siècle probablement pour l’installation de la bibliothèque. Elle est éclairée par de hautes fenêtres sous arc surbaissé, transformées au 19e siècle. Un escalier en chêne à deux volées, datant de la seconde moitié du 18e siècle, donnait accès à cet espace. Double porte panneauté du 18e siècle s’ouvrant sur la cage d’escalier. Au premier étage, vestiges de poutres de plancher sur semelles moulurées appartenant vraisemblablement au bâtiment du 16e siècle. La façade vers la rue de Saintes, profondément transformée aux 18e et 19e siècles, est aujourd’hui en briques badigeonnées en jaune sur un soubassement en moellons de grès et calcaire gréseux. Elle présente douze travées et trois niveaux de fenêtres en briques à linteau bombé. Quatre bandeaux en calcaire strient la façade. La travée orientale du bâtiment, sous toiture plate, est une intervention moderne du 20e siècle.

Cette aile se prolonge vers l’ouest par une aile en décrochement à deux niveaux que l’on appelle le quartier du Provincial. Ce volume, construit en deux phases dans la seconde moitié du 18e siècle, présente onze travées sur deux niveaux de fenêtres en calcaire dont les linteaux bombés sont reliés par un bandeau en calcaire. Le rez-de-chaussée présente des pièces décorées de plafonds stuqués du 18e siècle. Bâtières d'ardoises à croupes percées de lucarnes.

L’aile ouest du cloître constituait la façade principale du couvent. La façade extérieure est percée de baies au linteau bombé aménagé au 18e siècle au départ d’anciennes fenêtres à croisée. Côté cour, la galerie est ajourée de huit fenêtres brisées, aux piédroits striés de deux bandeaux de calcaire et à l’étage de six fenêtres à traverse en calcaire sur montants chaînés en calcaire gréseux.

Sur l’ensemble du cloître, de nombreuses marques lapidaires des familles Lechien et Nopere du 16e siècle.

BS (avec l'aide de Patrice Gautier)

Bibliographie


Coomans Thomas, 2001. L’architecture médiévale des ordres mendiants (Franciscain, Dominicains, Carmes et Augustins) en Belgique et aux Pays-Bas, in Revue belge d’Archéologie et d’Histoire de l’Art, LXX, Bruxelles, p. 99.

Gautier Patrice, 1997-1998. Le couvent des Récollets de Nivelles. Etude archéologique. Mémoire présenté sous la direction de L. Fr. Génicot en vue de l’obtention du grade de licencié en archéologie et histoire de l’art.

Osterrieth Martine, 1992 à 2002. Inventaire des escaliers de Nivelles, non publié, musée communal.

Schonne, G.E., 1980. Nivelles, Les Récollets, Six siècles de présence franciscaine, Nivelles.

Vanderwauwen, E., 1970. Les Récollets, Nivelles, Histoire de l'église et du couvent, Nivelles.

Van Belle Jean-Louis, 1994. Signes lapidaires. Nouveau dictionnaire. Belgique et Nord de la France, édition Artel, p. 441.