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DGO 4 - QU’AVONS-NOUS FAIT ? - 2011

DGO 4 - QU’AVONS-NOUS FAIT ? - 2011

Valoriser les richesses du sous-sol

inscription d’une nouvelle zone d’extraction en rive gauche de l’Escaut à Antoing

Une procédure innovante de

révision de plan de secteur visant

l’exploitation des ressources du

sous-sol au bénéfice de l’activité

industrielle wallonne

Le 17 février 2011, soit moins de 2 ans et demi

après qu’il ait décidé d’entamer la procédure, le

Gouvernement adoptait définitivement la révision

du plan de secteur de Tournai-Leuze-Péruwelz en

vue de l’inscription d’une zone d’extraction d’un peu

plus de 160 ha sur des terrains affectés pour leur

quasi-totalité en zone agricole sur le territoire des

communes d’Antoing et de Tournai.

La société Holcim, à l’origine de la révision de plan

de secteur, exploite à Obourg près de Mons une

cimenterie à voie humide alimentée par la craie

extraite localement depuis une centaine d’années. Un

peu plus de 200 personnes sont employées sur le site.

La croissance des coûts énergétiques et l’application

prochaine de directives européennes visant la

réduction des émissions de CO

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auxquelles seront

confrontées les cimenteries dès 2013mettent en péril

la compétitivité des coûts de production du ciment

au départ de la craie humide. La construction d’une

nouvelle cimenterie n’ayant pas été retenue pour des

raisons économiques, sociales et environnementales,

la société a décidé de reconvertir ses fours à clinker

d’Obourg en fours à « voie sèche », moins polluants

et moins consommateurs d’énergie. Le type de

gisement calcaire nécessaire à leur fonctionnement

n’est cependant pas présent à proximité de l’usine.

Par ailleurs, un tel investissement implique de pouvoir

disposer de réserves de gisement permettant une

production annuelle de 2 millions de tonnes de

clinker durant un minimum de 50 ans. Après examen

de toutes les alternatives de localisation, l’étude

d’incidences réalisée par le bureau d’études ARIES sur

l’avant-projet de révision de plan de secteur adopté le

19 décembre 2008 a conclu que, seule, l’exploitation

d’un nouveau gisement identifié en rive gauche de

l’Escaut sur les communes d’Antoing et de Tournai

était envisageable.

Outre son

délai d’exécution extrêmement serré

au

regard des nombreuses étapes de procédure et de

leurs contraintes, cette révision de plan de secteur

retient l’attention à plus d’un titre :

• En termes de procédure, il s’agit de la première

révision de plan de secteur menée en application

de

l’article 42bis du CWATUPE

qui ait abouti.

L’article 42bis, introduit dans le Code par l’article

6 du Décret du 20 septembre 2007 dit « RESA

bis », permet dorénavant à toute personne

physique ou morale, privée ou publique de saisir

le Gouvernement d’une demande de révision

de plan de secteur portant sur l’inscription

d’une zone d’activité économique, d’une zone

d’extraction ou d’un tracé d’infrastructure

principale de transport de fluide ou d’énergie

sur laquelle, en cas d’acceptation, il doit se

prononcer par l’adoption d’un avant-projet

de révision dans un délai d’un maximum de

90 jours. La dérogation apportée à l’article 42

rompt diamétralement avec la conception qui

prévalait jusqu’alors qu’un plan – par essence

d’intérêt général – ne pouvait être revu que

de la seule initiative de l’autorité publique et,

lorsqu’il s’agit du plan de secteur, dont les enjeux

dépassent l’intérêt strictement local, que de la

seule initiative du Gouvernement wallon. En cas

d’application de l’article 42bis, le demandeur est

tenu de procéder à une information du public

préalablement à l’introduction de sa demande

auprès du Gouvernement et choisit lui-même,

parmi les personnes agréées, celle qu’il charge, à

ses frais, de la réalisation de l’étude d’incidences

de plan.

• Sur le plan de l’

aménagement du territoire

, la

révision permet à l’activité extractive du bassin

tournaisien, contenue en rive droite de l’Escaut

depuis près de trente ans par le plan de secteur

en vigueur, d’amorcer l’occupation du territoire

de la rive gauche, jusque là plus rural.

• Elle innove par les

mesures participant au

développement durable

qu’elle comporte,

notamment :

- la révision définitive du plan de secteur est

assortie d’une mesure d’aménagement, au sens

de l’article 23, alinéa 2, imposant exclusivement

l’utilisation de la voie ferrée et de la voie fluviale

pour le transport vers Obourg de la pierre

destinée à la production de clinker,

- vu l’important volume d’eau d’exhaure,

l’adoption définitive de la révision du plan de

secteur a été conditionnée à la

conclusion d’une convention

entre la Société Holcim et la

société wallonne des Eaux

permettant de garantir que les

eaux pompées en carrière seront

réutilisées pour la distribution

d’eau potable.

• Parmi les anciennes carrières

retenues pour la compensation

planologique, certaines devront

accueillir une partie des terres

de découverture et des stériles

provenant de la nouvelle carrière

avant que le remblayage de

celle-ci puisse être réalisé. De

manière à maintenir l’affectation

actuelle des zones d’extraction

pour permettre le versage des

terres et différer leur reconversion

en zones non destinées à

l’urbanisation

pour

réaliser,

à terme, la compensation, la

disposition de l’article 46 §1

er

,

al. 2, 3° du Code prévoyant

la possibilité de réaliser les

compensations planologiques

par phases a été appliquée pour

la première fois.

• Enfin, pour garantir que la révision du plan de

secteur ne constitue pas une pure opération

foncière et que la Wallonie bénéficiera bien des

retombées économiques et sociales annoncées,

l’inscription de la nouvelle zone d’extraction

est assortie d’une prescription prévoyant la

réversibilité de l’affectation

des terrains – c’est-

à-dire leur retour à la zone agricole – en cas de

non réalisation du four de cimenterie à voie sèche

dans un délai de sept ans après épuisement des

voies de recours administratifs sur la révision.

Cartographie DAR, © SPW